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Des lieux avec lesquels penser, des livres auxquels penser: Mots, expérience et décolonisation de la connaissance dans les Andes boliviennes

Places to think with, books to think about

Författare

  • Anders Burman

Summary, in Swedish

Abstract in French

Beaucoup d’hommes et de femmes aymara affirment que le savoir humain, transmis par la langue, n’est qu’un pur ‘siwsawi’, i.e. des paroles, des opinions, des points de vue, des jugements d’individus particuliers. Ainsi, il s’agit d’un savoir particulier ; c’est une connaissance concernant l’opinion de certaines personnes, rien de plus. Ceci est, de manière significative, différent du savoir non-linguistique, du savoir expérimental qui est vécu à travers et acquis dans, par, avec et au sein du monde. Ce type de savoir est ‘ukamaw’, la manière d’être. Les grandes lignes de ce raisonnement ont été établis par des linguistes intéressés par les dynamiques de ‘l’évidentialité’/evidentiality, i.e. les mécanismes par lesquels les locuteurs communiquent la fiabilité des savoirs qu’ils énoncent. Il a été montré que les orateurs aymara utilisent constamment des ‘marqueurs de données linguistiques’ pour indiquer s’ils parlent à partir de leur savoir personnel expérimental, du savoir obtenu par la langue ou d’un savoir non-personnel. Ici les deux premières catégories vont être discutées plus précisément.



Quand des personnes font une distinction entre le ‘siwsawi’, savoir acquis à travers le langage humain et l’ukamaw’, savoir personnel acquis à travers l’interaction non-linguistique avec d’autres éléments du monde, porteuses de connaissances, elles utilisent la logique linguistique fondamentale Aymara. Dans la société Aymara, le non-respect des marqueurs linguistiques pour indiquer à partir de quel type de savoir on s’exprime est perçu avec suspicion. Quand des professeurs d’université ne le respectent pas, quand ils semblent affirmer avoir une connaissance personnelle sur tel sujet pour avoir lu un livre sur le thème, les étudiants Aymara tendent à conclure que des conférences et des livres sont suffisants si vous êtes intéressés par les opinions et les jugements des gens, mais que ce ne sont rien de plus que des siwsawi ; des mots dits, écoutés et lus, pas des expériences vécues.



Cette façon de distinguer différents types de savoir, d’après leurs sources et leur fiabilité, a d’intéressantes implications dans l’actuel processus de décolonisation de l’Université Bolivienne et dans la récente création « d’universités indigènes » en tant que parties intégrantes des politiques étatiques de décolonisation lancées par l’administration d’Evo Morales.



Dans cette communication, je pose la question suivante : si les livres et les conférences sont une affaire d’opinions et de jugements, et que le savoir véritable ne peut être acquis que par l’expérience, non-linguistique, en inter-relation avec et dans le monde, le projet de décolonisation du savoir et des universités précisément par le biais de livres et de conférences, n’est-il pas un projet logocentrique et ethnocentrique de décolonisation, une entreprise prédestinée à reproduire les asymétries épistémologiques coloniales de la production du savoir ? D’un côté, ce travail soulève les problèmes liés à la nature ‘siwsawi’ du savoir académique conventionnel (colonial) en rapport avec le processus critique de décolonisation. D’un autre côté, il explore l’ukamaw’, savoir expérimental pour proposer une transformation épistémologique décoloniale de l’Université Bolivienne.



Fondamentalement, ce travail soulève des questions comme ce que veut dire « connaître », être un sujet connaissant et appréhendable par la connaissance dans les Andes Boliviennes aujourd’hui, dans un contexte où les traditions subalternisées de la pensée sont un nouvel enjeu dans les récentes politiques d’éducation et où différentes visions et revendications de la vérité coexistent, fusionnent et s’entre-choquent.



Abstract in Spanish

Muchos hombres y mujeres Aymara afirman que el saber humano, transmitido por la lengua, solo es un puro ‘siwsawi’, i.e. palabras, opiniones, puntos de vista, juicios de individuos particulares. Entonces, se trata de un saber particular; es un conocimiento que viene de la opinión de algunas personas, nada más. Esto es, de manera significativa, diferente del saber no-linguístico, del saber experimental que se vive a través y que se adquiere en, por, con y adentro del mundo. Este tipo de saber es ‘ukamaw’, la manera como son las cosas.



Fueron linguistas interesados por las dinámicas de la “evidencialidad” i.e. la voz de los lenguajes que vienen de una gama de mecanismos para transmitir como la gente considera la fuente y la fiabilidad de su saber, quienes establecieron las grandes líneas de este razonamiento. Ha sido demostrado que los oradores Aymara usan siempre “marcadores linguísticos” para indicar cuando hablan desde su saber personal experimental, del saber obtenido por la lengua o desde un saber no-personal. En esta presentación, las dos primeras categorías van a ser discutidas más precisamente. Cuando las personas distinguen la naturaleza ‘siwsawi’ del saber adquirido a través del lenguaje humano y la naturaleza ‘ukamaw’ del saber personal adquirido a través de interacciones no-linguísticas con otras cosas del mundo que llevan en si conocimientos, se usa la lógica linguística fundamental Aymara. En la sociedad Ayamara, el no-respeto de los marcadores linguísticos para indicar desde qué tipo de saber uno se expresa es percibido con suspición. Cuando los profesores de universidades no lo respetan, cuando parecen afirmar tener un conocimiento personal sobre tal tema por haber leído un libro sobre el mismo tema, los estudiantes Aymara tienden a concluir que conferencias y libros bastan cuando uno está interesado por opiniones y juicios de otras gentes, pero no representan más que ‘siwsawi’; palabras pronunciadas, escuchadas y leídas, pero no experiencias vividas.



Entonces, esta manera de distinguir diferentes tipos de saber, desde sus fuentes y su fiabilidad, tiene interesantes repercusiones en el actual proceso de descolonización de la Universidad Boliviana y en la reciente creación de “universidades indígenas” que son partes integrantes de las políticas de Estado de descolonización puestas en marcha por la administración de Evo Morales. En esta presentación, llego a preguntar: si los libros y las conferencias son asuntos/cuestiones de opinión y juicios personales y que el verdadero saber sólo puede ser adquirido por la experiencia no-linguística, en interrelación con y en el mundo, el proyecto de descolonización del saber y de universidades justamente usando herramientas como libros y conferencias, ¿ no sería éste un proyecto logocéntrico de descolonización, una empresa creada y destinada a la reproducción de asimetrías epistemológicas coloniales de producción del saber ? Por una parte, este trabajo subraya problemas ligados a la naturaleza ‘siwsawi’ del saber académico convencional (colonial) con respeto al proceso crítico de descolonización. Por otro lado, explora la naturaleza ‘ukamaw’ del saber experimental y la perspectiva para este tipo de saber, de establecer los fundamentos de una transformación epistemológicas decolonial de la Universidad Boliviana.



Fundamentalmente, este trabajo permite reflexionar sobre lo que significa adquirir conocimientos, ser sujeto y objeto de conocimiento en los Andes bolivianos hoy en día, en un contexto donde las tradiciones subalternizadas del pensamiento han tomado un rumbo importante/ urgente en las recientes dinámicas educativas y políticas y donde las distintas visiones y reivindicaciones de la verdad coexisten, fusionan y chocan.

Avdelning/ar

Publiceringsår

2012

Språk

Franska

Publikation/Tidskrift/Serie

IdeAs - Idées d'Amériques

Volym

2

Dokumenttyp

Artikel i tidskrift

Förlag

Institut des Amériques

Ämne

  • Social and Economic Geography

Status

Published

ISBN/ISSN/Övrigt

  • ISSN: 1950-5701